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La «vie des prépas » une rubrique sur ce qui constitue aujourd’hui le
vie de étudiants préparationnaires : tout ce que vous voulez savoir
sur ce qu’est devenu le quotidien des préparationnaires épiciers
fermateux : la vie au lycée, de l’ Internat au réfectoire en passant par
l’organisation de cours, les thématiques et sujets d’interrogation
dans les différentes matières, les sujets de concours, l’évolution des
bâtiments du lycée depuis leur achèvement..
Pour inaugurer cette rubrique «la vie des prépas», un premier
aperçu de l’évolution de l’enseignement d’histoire-géographie à
travers l’historique des sujets de concours des classes préparatoires
commerciales.


Qu’est l’enseignement de l’Histoire-Géographie devenu?
Beaucoup d’entre vous se demandent quel enseignement
reçoivent encore les jeunes générations de préparationnaires.
Certains d’entre vous se remémorent, encore même vingt ou trente
ans après, de manière plus ou moins traumatique, le sujet d’écrit ou
d’oral d’HEC sur lequel ils ont dû plancher : qu’est ce qui a changé
depuis ? L’exigence de l’épreuve demeure-t-elle?

Pour l’Histoire-Géographie, vous ne pouvez qu’être rassurés :
« Il faut que tout change, pour que rien ne change ». La dissertation
d’histoire-géographie aux concours des écoles de management
représente un invariant formel qui résiste à l’assaut des vagues des
réformes successives de l’enseignement secondaire! Dans la forme,
l’exercice méthodologique est immuable. La dissertation de synthèse,
exigence de formation intellectuelle typiquement et exclusivement
française n’a pas bougé. Compréhension de l’énoncé, clarté formelle
de l’expression écrite, définition de l’objet ou problématique du
sujet, logique de résolution en une démonstration équilibrée grâce à
un raisonnement ternaire, le tout richement étayé de connaissances
variées, précises, chiffrées, datées, et complétées par le dessin d’un
croquis cartographique, demeurent les grands lignes de l’épreuve du
concours. Elle conserve, ce qui est à la fois sa spécificité, par rapport
aux autres concours où l’histoire et/ou la géographie sont aussi
épreuves de sélection, d’une même exigence de capacité de
problématisation à la fois temporelle et spatiale, de culture en même
temps historique et géographique. Elle est la seule épreuve de
concours à allier culture historique et géographique, fidèle à la 
maxime d’Élisée Reclus, père de la géographie française, qui écrivait à
la fin du XIXème siècle que « L’histoire n'est que la géographie dans le
temps, comme la géographie n'est que l'histoire dans l'espace ».
Cette exigence de démarche pluridisciplinaire rapproche l’épreuve
d’Histoire-Géographie de la dissertation de Cultures-Sciences
Humaines, associant cultures et concepts philosophiques et
littéraires.

En revanche sur le fonds, la mutation des interrogations du
programme a accompagné les bouleversements de représentation
du monde contemporain.
Jusqu’aux concours 2006, le programme traitait d’une histoire
et d’une géographie exclusivement économique, nécessitant un
enseignement de concepts et raisonnement d’économie dans
différentes temporalités et à différente échelles.
Avant 1995, un programme amenait ainsi à étudier le XXème siècle
économique et social et différents Etats développés ou groupes
d’Etats (La France, La CEE, les Etats-Unis) comportait aussi un volet
«tournant» biannuel avec un État (le Japon fit ainsi son entre dans le
programme en 1992) et une région française (surtout au programme
de l’oral d’ HEC). Les interrogations se déclinaient en approche
thématique (agriculture, énergies, industries, services, population et
sociétés, relations commerciales) croisées avec les différentes
échelles de territoires. Les représentations géopolitiques pérennes
d’un monde structuré entre le campisme Est-Ouest et l’opposition
entre pays développés et Tiers-Monde assuraient des repères
stables, sur lesquels le quantitativisme des faits économiques et
sociaux dominait les interrogations. La France, plus rarement la CEE
avant 1992, s’y taillaient la part du lion: «Le charbon dans
l’économie française depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale»
ESCP 1982, «Evolution des localisations industrielles en France depuis
1945» HEC 1983, «Les mutations de la France agricole depuis 1958»
ESCP 1989, «L’emploi industriel en France de 1960 à 1984» ESSEC 
1984, «Les déplacements de population de France depuis 1945 et
leur signification économique et sociale» ESCL 1986.

Les interrogations sur les Etats-Unis et l’URSS n’étaient pas en reste :
« Commerce extérieur et compétitive industrielle des Etats-Unis d’
Amérique depuis 1945» HEC 1988, «Acier, automobile aux Etats-Unis
d’Amérique depuis 1973» EME 1990, « Etude historique et
géographique du rôle de la population dans la croissance de
l’économie soviétique depuis 1917», «Les difficultés économiques de
l’URSS et l’évolution de sa politique économique du début des années
1930 à aujourd’hui » ECRICOME 1988 , y compris dans une approche
comparative très «Guerre Froide» telle «L’industrie de pointe et le
complexe militaro-industriel aux Etats-Unis d’Amérique » ESLSCA
1985 ou «Les transports en URSS et aux Etats-Unis d’Amérique » ESCP
1990.

Le Tiers-Monde et les pays en développement formaient un autre
pan des interrogations : «Les échanges Nord-Sud et leur évolution de
1960 à 1988» ESSEC 1988, «Les pays du Tiers-monde dans la
mondialisation de l’économie depuis la décennie soixante-dix» ESCP
1990, «Population, société et économie dans les pays en
développement» ESSEC 2001, «L’originalité et les limites du modèle
de développement économique de Singapour et de Hong-Kong » HEC
1984, «Transport et maitrise de l’ espace au Brésil »  HEC 1989, «La
libéralisation de l’économie du Mexique» ESC 1997, lorsque ces Etats
constituaient tour à tour la question tournante du programme.
Certains sujets étaient en prise avec l’actualité conjoncturelle telles «
L’inflation et la crise économique actuelle dans les PDEM » ESCP
1985 ; sujet qui pourrait retrouver une certaine jeunesse en 2022-
2023…

A partir des années 1990, sous l’effet conjoint de la fin de la
Guerre Froide et de la mondialisation, la représentation dominante
d’une supposée «fin de l’histoire » se fait sentir, l’étude du socialisme
n’est plus celui que de sa crise : «Politique économique et
développement de la crise du système économique soviétique en
URSS de 1957 à 1991 » ECRICOME 1998, «Deux évolutions du système 
socialiste : la transition en Russie et la voie chinoise. Comparez et
évaluez » ESSEC 2003.

Les sujets deviennent plus globaux, plus mondialisés mais aussi plus
techniques. La lecture économique du monde s’impose, l’histoire et
la géographie n’en forment plus que l’arrière-plan à l’aube de
rapports de forces perçus presque exclusivement de manière
économique. La globalisation des entreprises, la financiarisation des
économies, l’entrepreneuriat, les NTIC qui caractérisent la
mondialisation orientent d’avantage les sujets de concours : «
Entreprises et entrepreneurs en France de la fin du XIXème siècle aux
années 1960 » HEC 1996, «Comment l’évolution des systèmes
productifs a-t-elle transformé les pays industrialisés depuis la fin du
XXème siècle?» ESCP 1996, « Investissements internationaux et
évolution des rapports de force économiques dans le monde depuis la
fin de la Seconde Guerre Mondiale » HEC 1997, « Les modes de
financement de l'activité économique en France depuis 1945 » HEC
1998, «L’évolution de l’emploi salarié dans l’espace ouest-européen et
aux Etats-Unis du début des années 1920 au début des année 1970»
HEC 2001, « Mutations technologiques et croissance économique du
début des années 1880 au début des années 1970 » ESSEC 1996,
« Nouvelles technologies et mutations du tissu industriel dans l’Union
européenne et les Etats-Unis depuis les années 1970» HEC 2000.
Néanmoins certains sujets commencent à s’ouvrir quelques
peu à une dimension politique plus prononcée  même si l’approche
d’histoire-géographie économique est toujours dominante: «Les
Etats-Unis, chance de l’économie japonaise depuis 1945 ? » HEC
1992, «Le Japon est-il dépendant ?» ESCP 1994 «Le dollar : vecteur de
l’hégémonie des Etats-Unis depuis 1945 » ECRICOME 2001.
Il faut attendre la réforme du concours 2006 pour que le
champ des interrogations change sensiblement. Dans le même temps
l’architecture des concours est revue à la baisse. Le nombre
d’épreuves écrites est réduite : en Histoire-géographie, seules
demeurent l’épreuve de l’ESCP pour la presque totalité des Ecoles
supérieures de Management (dont HEC) affiliées à la CCIP, l’épreuve 
de l’ESSEC pour elle-même et l’EDHEC, ECRICOME pour KEDGE,
NEOMA, puis depuis 2018 une épreuve pour GEM.

Au moment où apparaissent les premières failles du processus de
mondialisation, ce que d’aucuns qualifieront alors de prise de
conscience de « fin de la mondialisation heureuse », au moment où la
gouvernance mondiale se grippe, et où « l’état de nature » hobbesien
semble de nouveau régir les relations internationales, les
programmes d’histoire-géographie aux concours des écoles de
commerce décident d’inclure désormais une dimension géopolitique.
Les concours des Ecoles de commerce sont alors pionniers en la
matière. Ils sont les premiers programmes régis par le ministère de
l’Education Nationale à faire de la géopolitique une dimension à part
entière de l’enseignement de l’histoire-géographie, avant que celle-ci
n’irrigue partiellement aussi ceux de l’enseignement secondaire à la
fin de la décennie 2010. La lecture du monde contemporain,
jusqu’alors qu’économique se double désormais d’une dimension
géopolitique, voire la seconde fait passer la première au second plan
des analyses. L’histoire politique, l‘étude des rapports de puissances
au sein des territoires et des sociétés qui les composent, deviennent
le centre des sujets d’interrogation, la dimension économique
demeure mais comme facteur explicatif des rapports de puissance :
«La Méditerranée, jeux d’interfaces économiques et géopolitiques de
1945 à nos jours » ESCP 2007, «Que reste-t-il aujourd’hui du rapport
Nord-Sud?» ESCP 2008 «L’essor économique et la montée en
puissance de la Chine: chances ou menaces pour le reste du monde ?»
ESSEC 2009, «Les États-Unis et l’exercice de la puissance » ESCP
2013, «Un monde sans frontières, une utopie dépassée?» ECRICOME
2015, «L’Afrique subsaharienne est-elle à l’écart du monde?» ESCP
2014, «La construction européenne confrontée à la question de la
nation» ESSEC 2018.

Les sujets à dimension économique dominante ne disparaissent
pas pour autant complètement, même s’ils sont moins
systématiques : « L’internationalisation et la mondialisation depuis
les années 1950 ont-elles permis la réduction des inégalités dans le
monde? » ECRICOME 2016, «Mondialisation et mise en concurrence 
des pays et des territoires pour attirer les activités économiques »
ESCP 2021. De nouvelles logiques d’interrogations apparaissent
également, accompagnant les mutations des paradigmes du
développement, notamment sa durabilité : 'Le développement
durable, une réponse globale à la multiplicité des crises aujourd’hui ?"
; ECRICOME 2010, « Croissance, puissance et développement durable:
quelles corrélations et implications pour les grands pays et groupes de
pays du monde?» ESSEC 2012, "Le dérèglement climatique: une
nouvelle donnée majeure pour l'économie mondiale et les relations
internationales ?"; ECRICOME 2018.

Il n’en reste pas moins que l’épreuve est devenue
extraordinairement exigeante. Les candidats doivent désormais allier
en une même synthèse une approche historique, géographique, mais
aussi économique et politique, le tout dans un environnement
économique et géopolitique mondial pour le moins mouvant, qui
brouille constamment les grilles d’analyse traditionnelle des rapports
de puissance. La réalité géopolitique d’aujourd’hui n’est plus celle
d’hier, et encore moins à l’évidence celle de demain. Le monde, ou
tout au moins les représentions qui le structurent sont devenus
extraordinairement plus complexes à analyser qu’il y a 40 ou 50 ans.
Alors, les sujets 2022? « Vers un retour des frontières » à l’ESCP,
« Le contrôle des routes stratégiques depuis 1913, vecteur de
domination mondiale pour les Etats » à l’ESSEC, «Le nucléaire dans les
relations internationales» et «Le Pacifique: de nouvelles réalités
stratégiques?» à ECRICOME, «Une gouvernance mondiale de plus en
plus efficace?» à GEM. Allez, Vous avez quatre heures!

Vincent Thébault

 

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